Primature : Lansana Kouyaté avait-il toutes les cartes en main en 2007 ?

En Février 2007, après une grève générale illimitée de deux mois, grogne aux allures d’insurrection, le président Lansana Conté recule. Il se plie aux exigences des centrales syndicales. Et choisit le diplomate de renom, Lansana Kouyaté, au poste de premier ministre aux dépens de Kabinè Komara, Saidou Diallo et Béavogui du FIDA…

Le natif de Koba se retrouve ainsi aux commandes du Palais de la Colombe, à la tête d’un gouvernement de large consensus, accouché dans la douleur, après les événements tragiques qui ont émaillé la grève générale de l’Inter Centrale Syndicale.

Quelques heures plus-tard, le nouveau premier ministre regagne Conakry en provenance d’Abidjan. Le tout Conakry et la population de la Guinée profonde réservent un accueil triomphal à l’ancien  “protégé” du Docteur Boutros Boutros Ghali. Bref, toute la Guinée acclame Lansana Kouyaté au point d’emmener certains observateurs à qualifier le nouveau locataire du Palais de la Colombe de “super premier ministre” qui détient l’essentiel des pouvoirs.

Info ou intox ? En marge d’une rencontre avec les compatriotes de Nantes, en France, le 02 Avril dernier, le leader du PEDN est allé à l’encontre de ces idées reçues. Le visage grave, il balaie du revers de la main ces “informations”. Lansana Kouyaté insiste, persiste et signe qu’il n’avait aucun pouvoir à la suite de sa nomination en grande pompe à la tête du gouvernement de large consensus que les populations avaient imposé à l’imprévisible et fin stratège, le général Lansana Conté.

“Je n’avais aucune carte. Ceux qui pensent qu’on m’a donné tous les pouvoirs…, on ne m’a donné aucun pouvoir (…) Vous pensez que c’est mon arrivée qui a fait arrêté les émeutes ? C’est l’état de siège qui a été décrété avant mon arrivée. C’est l’état de siège qui a fait que les émeutes n’ont pas prospéré. Quel était leur objectif? Enlever le président. Mais dès que l’état de siège a été décrété, moi je suis venu, j’ai trouvé Eugène, Eugène était encore premier ministre. C’est quand je suis venu qu’il y a eu passation de service. Et, on dit : ah ! Kouyaté est venu, on lui a donné tous les pouvoirs. Quel pouvoir? ” a réagi avec fermeté, au micro de nouvelledeguinee.com, celui qui avait présidé à l’éphémère et mal-aimé Eugène Camara.

Et lui d’enfoncer le clou : le pouvoir, je n’en avais point. Ce n’est pas mon arrivée qui a mis fin aux émeutes. C’est l’état de siège. L’armée soutenait le président Conté. (…) La Guinée, c’est toujours une symphonie non achevée”.

Le leader du Parti de l’Espoir pour le Développement National a fait ces révélations à l’occasion d’une conférence axée sur le chômage endémique indéfiniment la jeunesse guinéenne.

Grand tribun, Kouyaté séduira, à travers son brillant exposé, l’écrasante majorité des compatriotes venus à sa rencontre dans la grande métropole de la Loire Atlantique, sur le littoral français.

Sources : nouvelledeguinee.com : Mamadou Saliou Diallo, envoyé spécial à Nantes

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