Pourquoi les Etats Africains ne protègent pas leurs citoyens ?

Aujourd’hui beaucoup d’Africains sont exploités en Arabie Saoudite, au Koweït, au Liban, en Libye, au Qatar, …. Ils travaillent sept jours sur sept parfois sans salaire. Ils n’ont pas droit de sortir de chez eux. Ils sont jetés à la rue et même parfois tués, en cas de contestation. Ils sont souvent frappés et violés. Qu’y a-t-il de pire que l’esclavage ? Savez-vous que dans ces pays immoraux, il y a aussi plus de chinois que d’africains qui y travaillent ? Mais dans de meilleures conditions. Les Philippines ont récemment signé un accord avec le Koweït pour protéger leurs travailleurs dans ce pays du Golf. Cela a été décidé après avoir découvert qu’un patron Koweïtien avait tué son employé Philippin et gardé le corps dans son congélateur. Le rôle des Etats c’est aussi de protéger tous leurs citoyens à travers le monde.

Quand un investisseur s’intéresse à l’Afrique, il consulte d’abord les rapports comme ceux de « Doing Business » dans lesquels tous les pays sont classés. Pourquoi l’Union Africaine ne fait pas la même chose en matière de migration ? Afin que chaque année les pays du monde puissent être classés par priorité de destination pour l’émigration des africains. Ce document peut être mis à la disposition des Etats et exploité dans les aéroports pour la migration économique et scientifique. Les gens se retrouvent souvent perdus dans les pays qu’ils voyaient comme un paradis avant leur départ, alors que la réalité est toute autre. Seuls les gouvernements peuvent protéger la population en instaurant un contrôle sur les destinations depuis l’aéroport. Il y a des destinations qu’il faut limiter aux migrants économiques mais qu’on peut proposer aux étudiants, il y a des destinations sans risque pour les deux et des destinations à interdire complètement aux citoyens. Des enquêtes annuelles dans tous les pays peuvent faciliter l’élaboration d’un tel document.  L’information doit être disponible partout où c’est possible et la chasse aux trafiquants de visa qui sont des vendeurs de rêves aux pauvres, doit être engagée.

Combien de Guinéens, Maliens, Burkinabés, Sénégalais, Somaliens, Soudanais, Ivoiriens, Camerounais, etc. sont bloqués au Qatar, en Arabie Saoudite, au Liban, etc. Ils sont contraints au travail forcé, ils n’ont aucun droit et aucune liberté. J’ai rencontré une femme sénégalaise qui a fui son employeur au Liban, qui a traversé l’Iran à pieds et qui est venue se heurter au pire en Turquie. Elle n’était pas pauvre à Dakar, elle a payé cher un visa pour un emploi domestique au Liban. Est-ce que c’est cela que nous continuerons à réserver à des centaines de millions d’africains à naitre ?

Et pourtant, le parcours des pays développés et des pays émergents est clair. Si nous n’avons pas l’aptitude de créer notre propre chemin, nous pouvons prendre exemple sur eux et nous en inspirer, parce que d’autres l’ont fait et s’en sortent parfaitement. Nous devons massivement investir dans l’éducation. C’est le moyen de changer les mentalités. Mais l’éducation pour tous pour le système : 1 naissance = 1 éducation = 1 fille = 1 garçon. C’est inacceptable qu’en Guinée, entre le collège et le lycée il n’y ait que 20 à 30% de filles dans les salles de classes alors qu’il y a 52% de naissances de sexe féminin. Quelle inégalité, quelle injustice, comment rêvons-nous au développement ? Nous devons renforcer la démocratie, forcer l’alternance et créer de vraies institutions. Il nous faut aussi améliorer la gouvernance ; c’est bannir la corruption en modernisant l’administration de façon qu’il soit difficile de détourner sans se faire piéger. Rien n’est plus fort que le système et les institutions dans un pays. Même sans président de la république, les choses doivent fonctionner normalement.  Si l’Afrique aspire à se développer dans les 50 prochaines années, nous devons forcément contrôler la démographie. A cause d’un déficit énorme d’éducation, nous continuons à penser qu’avoir des enfants est toujours naturel. C’est pourquoi il faut complètement séparer la politique de gouvernance à la religion et à la tradition. En Afrique, nous sommes plus royalistes que le roi. Les croyances font aujourd’hui que nous refusons toute modernité pour notre bienêtre social. Alors que les sociétés desquelles sont issus les prophètes ont longtemps compris ce qu’il fallait prendre et ne pas prendre. C’est regrettable que dans presque tous les pays africains (exceptés Afrique du Nord, quelques pays de l’Afrique Australe et Seychelles, Iles Maurice, etc.) ce sont nos mères, nos femmes et nos filles qui continuent de laver nos vêtements à la main alors que la machine à laver est créée depuis plus de 200 ans. Bravo au Rwanda mais il reste beaucoup à faire pour les institutions et la démocratie (alternance surtout).

J’espère que le peuple africain saura prendre son destin en main et arracher sa liberté, construire son avenir et se faire respecter dignement comme les autres. Que nous soyons capables de créer les meilleures conditions pour que les européens viennent visiter, voire habiter chez nous en sécurité comme nous nous sentons chez eux. Quand nous arriverons à ce niveau, nous aurons gagné !

 

Une réflexion personnelle de Kalil Sacko, Responsable de la communication de PE.D.N France

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